L’enseignement en question


« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons ». Cette citation de V.HUGO résonne toujours dans ma tête tant elle me semble d’actualité.

 

Ouvrez des écoles, certes ! Mais pas n’importe quelles écoles !

En effet, ces écoles confessionnelles dans lesquelles on endoctrine les jeunes esprits en les déresponsabilisant et en leur faisant croire que leur vie dépend d’un personnage qui n’existe pas, ou, en tout cas, dont on ne sait pas s’il existe, sont très loin des idéaux que je veux défendre !

L’école idéale n’existe pas bien sur ; de multiples tentatives pédagogiques ont vu le jour avec des bonheurs inégaux et/ou en ne s’adressant qu’à une partie choisie de la population.

 

Notre école laïque et officielle, quant à elle, s’adresse à tous et veut former des têtes bien faites et des citoyens engagés, ancrés dans la réalité de notre monde contemporain. Programme ambitieux et auquel j’adhère ! Qu’en est-il sur le terrain ?

D’abord, pour plaire à tous, elle propose des cours de religion catholique, protestante, orthodoxe, juive, musulmane…Un non sens pédagogique, mais également économique-quand on sait que l’on paie parfois un professeur à temps complet pour deux élèves, alors que dans un cours fondamental comme un cours de fançais, les élèves sont à 30 dans une classe ! ! ! Un cours d’histoire des religions et de philosophie serait bien plus utile et constructif afin d’ouvrir les esprits de nos jeunes à la compréhension du monde qui les entoure. La croyance est affaire privée ; par contre expliquer les différentes croyances, leur naissance, leur développement, leurs influences…ne peut, à mon sens, que développer l’entendement et la bienveillance…

 

Ensuite, pour faire réussir tout le monde, elle abaisse le niveau d’année en année. Autre non sens ! Les lacunes sont telles qu’en arrivant dans l’enseignement supérieur beaucoup de jeunes ne maitrisent pas du tout la langue d’apprentissage : vocabulaire pauvre (m’dame « hostile », ça veut dire quoi ?), structure de pensée inexistante, incompréhension d’un discours plus abstrait…Litanie sans cesse ressassée, je sais. Déjà en 1976, Paul Guth dans sa « Lettre à votre fils qui en a ras le bol » relevait ces mêmes insuffisances…Soit…

 

Ce qui m’effraie, c’est que cette non maitrise conduit et ce, dès l’école primaire, à une fracture au sein des écoles, tout à fait à l’image de notre société de plus en plus duale malade de ses excès consuméristes et capitalistes.

 

L’école que j’ai envie de défendre devrait estomper les inégalités de départ (ce qui est de moins en moins le cas) en rendant accessible à tous non seulement l’intégration et l’usage du code linguistique, avec un certain niveau d’exigence, mais également des savoirs de base, durablement ancrés.

Les différentes réformes pédagogiques qui se sont succédé ont conduit à de plus en plus de flou. La culture d’entreprise avec ses notions de compétence, d’ISO, de rentabilité…a envahi nos institutions scolaires. Cette façon d’aborder le monde semble à certains la mieux adaptée à notre société. Mais accoler des compétences à du sable mouvant ne fonctionne pas. En effet, les enfants peuvent apprendre à trouver une information dans un texte, s’ils ne savent la relier à un savoir préexistant, elle n’aura aucun sens. La notion de compétence a vidé les programmes de la notion de savoir, à laquelle il faudrait revenir. En effet, dans notre société de plus en plus éclatée, transmettre des savoirs communs, socles du développement de compétences, ne permettrait-il pas de recréer des liens ?

 

 Frédérique MAHY - enseignante