Le gille et le prophète

Il était une fois une petite ville de Wallonie célèbre pour son carnaval et notamment ses Gilles qui se prévalaient d'être les seuls et authentiques de la planète voire de l'univers...Cette petite ville entretenait aussi, un remarquable Musée du Masque et du Carnaval dont l'intérêt n'échappait pas aux acteurs culturels les plus avertis ; et voilà que ce musée prépare une exposition intitulée « Le Gille sans dessus dessous » et sollicite un célèbre dessinateur-caricaturiste belge pour réaliser l'affiche annonçant l'événement ! Le dessinateur-caricaturiste, bourré de talent et d'audace (comme le veut son métier) réalise alors en quelques coups de crayon bien sentis un mélange du Gille et de Maryline Monroe dans une attitude très connue au dessus d'une bouche d'aération du métro...

 

Ah la belle illustration que voilà (cherchez donc sur la toile...) : la rencontre improbable de deux mondes, de deux univers, une touche d'absurde, une once d'impertinence, un clin d’œil malicieux aux piliers du folklore local...et c'est là que cela se gâte, car si la direction du Musée est ravie de la proposition, l'autorité communale, gonflée de son rôle de gardienne de l'authenticité du folklore n'apprécie pas le clin d’œil malicieux : il y a outrage ! Que dis-je, blasphème ! Oser caricaturer le Gille (et pas n'importe lequel) ! Scandale !

 

L'autorité communale interdit alors que cette affiche soit publiée et forcément le Musée ne peut que se soumettre !

Ainsi donc le Gille de Binche vient tenir compagnie au prophète Mahomet dans la galerie des personnages que l'on ne peut caricaturer, dont il est interdit de sourire, de se moquer. Ces personnages que j'imagine tellement fragiles (car creux?) qu'en rire suffirait à les détruire...

Rassurons le Collège communal de cette petite ville de province : le ridicule ne tue pas (ils/elles en sont la preuve).

 

Inquiétons-nous : l'intégrisme (fils aîné de la bêtise) tue...

L'intégrisme s'exprime par la peur et le refus du métissage, de la rencontre des mondes, du mélange des genres.

Et que l'on n'avance pas d'arguties « culturelles. ».. La culture c'est justement des rencontres improbables, de l'audace et de l'impertinence et non pas une pommade (au parfum de clientélisme?) que l'on passe à des folkloreux bas du plafond !


 M. Fourneau